1889 - 8 mai • Alfred COUTTET voit le jour aux Rebats de Chamonix.
1894 • A cinq ans, Alfred COUTTET gardait son troupeau dans les alpages de Blaitière, au pied des Grands Charmoz et du Grépon. L'apprentissage de son dur métier, c'est dans les rochers bordant les prés à pâturages, aux abords des vacheries de montagne, qu'il l'a fait.
[passage extrait de "Les guides de nos montagnes : à la veillée, dans un refuge" par Géo-Ch. Véran | Le Miroir du Monde N°117 du 28 mai 1932]
1895 • Un jour, son frère, de quatre ans plus âgé, part en balade vers le Plan de l'Aiguille.
— Emmène-moi ! demande-t-il.
— Tu es bien trop jeune, répond l'aîné.
Alfred COUTTET a six ans. Furieux d'être traité comme un bébé, il attend le retour de son frère ; puis, deux jours après, pour se venger et montrer ce dont il est capable, il entreprend seul l'excursion dont il a été privé.
À la montée, nulle difficulté ne l'arrête. Il connaît vaguement le sentier pour l'avoir souvent entendu décrire. Il grimpe quatre heures durant, sans prendre de repos ; jamais il n'a fourni pareil effort. Et, triomphant, il atteint le but qu'il s'était fixé. Mais, à la descente, c'est une autre affaire. Il veut aller vite, car il pense qu'en bas on doit s'inquiéter de son absence prolongée. Il s'engage dans les raccourcis, coupe la pente pour éviter quelques lacets et, finalement, se perd dans les bois qui, sur 1.000 mètres de hauteur, s'accrochent au versant de la montagne jusqu'aux glaciers. Le voilà seul, cherchant sa route, pleurant à chaudes larmes, parce qu'il commence à avoir peur, errant au milieu des blocs énormes, dévalant parmi les éboulis, s'agrippant aux branches des arbres pour ne point tomber. La nuit vient. Par bonheur, il rencontre une vieille femme, qui le remet sur le bon chemin.
À six ans, telle fut sa première course de montagne.
[passage extrait de "Les guides de nos montagnes : à la veillée, dans un refuge" par Géo-Ch. Véran | Le Miroir du Monde N°117 du 28 mai 1932]
1896 • Alors qu'il n'a que 7 ans, Alfred COUTTET, fils de guide, décide d'imiter ces “fend-la-bise” qui descendent des champs de neige avec de drôles d'engins aux pieds. Avec deux douves de tonneau, une bonne paire de galoches et deux planches de frêne : le tour fut joué et…
…Vous avez bien le bonjour d'Alfred !
"Sur ces skis improvisés, j'ai ressenti cette merveilleuse sensation que l'on éprouve pendant ces descentes folles, à travers les forêts enneigées."
1901 • À douze ans, sous la conduite de son père, il faisait le mont Blanc, ce qui, d'ailleurs, n'a rien que de très normal pour un gamin de Chamonix. À force d'entendre les hommes de son village raconter leurs ascensions par le détail, à force de suivre à la lunette de nombreuses caravanes qui, chaque matin, partaient vers les Bosses ou les Grands Mulets, n'en connaissait-il pas depuis longtemps les moindres crevasses, les passages les plus scabreux ?
[passage extrait de "Les guides de nos montagnes : à la veillée, dans un refuge" par Géo-Ch. Véran | Le Miroir du Monde N°117 du 28 mai 1932]
